Un lieu stratégique en Amérique du Nord

Peu de temps après que le Canada eut changé de mère-patrie, passant de la France à l’Angleterre, nos voisins du sud se révoltèrent contre le joug de l’Angleterre.

Durant l’année 1775, et surtout en 1776, les Américains envahirent la « Province of Quebec ». Parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’agir autrement, les militaires anglais de notre pays se défendirent passivement contre cette menace.

Il n’y avait pas encore de fortifications au « Coteau du Lac ».

Le fleuve et son contrôle restant toujours un objectif important pour les visées ennemies, un détachement d’environ trois cents soldats de l’armée américaine du général Benedict Arnold envahit le village des Cèdres et l’occupa de la fin avril au 19 mai 1776. En plus d’y prendre le contrôle des entrepôts, l’envahisseur avait eu le temps de bâtir un fort en pieux pour s’y retrancher.

Une petite garnison anglo-canadienne, comptant à peine une quarantaine de soldats réguliers, gardait le Fort La Galette, dans le Haut Saint-Laurent (près de Ogdensburgh). L’officier qui en était responsable, le capitaine Forster, après avoir réuni une centaine de miliciens dirigés par le célèbre chevalier de Lorimier et environ cinq cents amérindiens, vint déloger les Américains des Cèdres; ces derniers capitulèrent. Nos troupes se saisirent aussi des renforts américains qui arrivèrent de Montréal. Ce sont cinq cents prisonniers américains qui devinrent monnaie d’échange dans les jours suivants. Ce fut une des étapes de l’avortement de cette invasion américaine. Un petit parc clôturé, où s’érige un modeste monument muni d’une plaque de bronze, commémore ces événements. Il est entretenu par Parcs-Canada sur le Chemin du Fleuve, en bas des Cèdres, face à la propriété des pépiniéristes régionaux Kramer.

strat_animCes escarmouches déclenchèrent cependant un signal d’alerte. Pour se prémunir des visées révolutionnaires présentes et éventuelles venant du sud, le gouvernement britannique se mit à se protéger militairement. Les frontières de la « Province of Quebec » anglaise avaient été redéfinies à la suite de l’Indépendance américaine, bien qu’elles ne se fixèrent là où nous les reconnaissons de nos jours qu’en 1796. À partir de cette date, elles ne sont qu’à 10 milles (16 km) en amont de Coteau-du-Lac.

Coteau-du-Lac, qui n’était,jusque là, qu’un point de passage et un repère sur les cartes géographiques, devint un maillon névralgique de la défense de « l’Amérique du nord britannique ». Nous devons pratiquement notre naissance comme collectivité à la Révolution américaine.

L’avantage…

Coteau-du-Lac occupant une position avantageuse pour les communicatlons entre Montréal et les Grands-Lacs, le gouverneur Haldimand décida d’y aménager un centre pour ravitailler l’arrière pays. En 1779 et 1780, deux entrepôts y furent construits. Ils couvraient une superficie de cent-soixante mètres carrés et comportaient trois niveaux, un rez-de-chaussée, un étage, puis un grenier L’un était réservé à l’entreposage des marchandises générales tandis que l’autre était destiné aux marchandises liquides, tel le rhum. L’entrepôt réservé aux marchandises générales contenait du porc au rez-de-chaussée, de la farine à l’étage, puis des biscuits au grenier.

Puis, on munit le poste d’un blockhaus pouvant loger une cinquantaine de soldats. On y dressa des palissades et des abattis, le tout pour protéger les installations contre un éventuel coup de main.