Notre nom et nos origines

Coteau-du-Lac possède une longue et belle histoire. Dans ses références les plus anciennes, elle est intimement liée à l’histoire du Fleuve Saint-Laurent comme voie de communication.

Déjà en 1626, un missionnaire allant régulièrement en Huronie suggérait qu’on passe par ici plutôt que par l’Outaouais pour s’y rendre: ce serait plus difficile, mais on y sauverait quinze jours.

En 1632..

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Sur la dernière carte du fleuve qu’a dressée Champlain, il est question des rapides « du Côteau ». On trouve dans les « Relations » des Jésuites, de 1653, le rapport enregistré des premiers voyageurs qui se sont arrêtés chez-nous. En 1688, Franquelin dessine une carte de la Nouvelle France où il désigne nos rapides du nom de « Côteau St-François », à cause de la proximité du lac de ce nom. Mais c’est au récit que le jésuite Charlevoix fait de son exploration réalisée en 1721 que l’on doit notre nom tel qu’il s’est conservé. Depuis cette date notre localité est devenue un point d’arrêt obligatoire pour tous les administrateurs du pays, militaires, commerçants et missionnaires ayant affaire aux « Pays d’en Haut ».

Encore à propos de notre fleuve Saint-Laurent, savez-vous que pour les premiers colons venus de France, ils s’arrêtèrent aux pieds des rapides de Lachine? En remontant ils portaient autres noms, selon les époques. Ainsi trouvé aux Archives nationales du Québec, lisait un acte notarié de concession d’une terre dans la seigneurie de Soulanges en 1778, que le lot décrit faisait trois arpents sur « la grande rivière ». Cependant, il faudra dire que le même nom s’appliqua à la rivière des Outaouais. Toujours dans ce considérable « Fonds De Beaujeu », comprenant quatre-vingt-trois boites de documents plus ou moins classés, héritage reçu des familles seigneuriales de Soulanges et de Nouvelle-Longueuil. Il est souvent fait mention de « la rivière Cataracoui » en parlant de notre fleuve. J’intuitionne que c’est à cause de ses « cataractes » ou rapides que le fleuve s’est mérité d’autres noms pour désigner son cours à partir de Lachine jusqu’à Kingston. Il change alors de caractère d’une façon si radicale qu’on dut avoir de la difficulté à croire qu’il s’agissait toujours de la même rivière.

A proximité de chez-nous…

Un élargissement du fleuve s’est mérité la qualité de lac. Vous êtes-vous déjà demandé en l’honneur de quel Saint-François dont-il fait mention? Il y a plusieurs possibilités vous savez. Des saints qui portaient le nom de François, il en pleut dans le calendrier liturgique de l’Eglise catholique romaine. Donnez votre langue au chat ! Parce que, même moi qui possède un certain savoir dans ce domaine, l’ignorais jusqu’au jour récent où, toujours dans de vieilles archives, j’ai rencontré par hasard la mention du  » Lac Saint-François-Régis », alors que le contexte ne pouvait laisser de doute quant à l’identité de ce lac avec le nôtre. Autre difficulté, ce saint n’est pas très connu de nos jours. Je ne l’ai pas trouvé au missel romain en usage actuellement au Canada. C’est à la bibliothèque de l’évêché de Valleyfield que j’ai réussi à dénicher une biographie qui lui a été consacrée, en France, en 1914…

Jean-François Régis était français. Il est né en 1597 près de Narbonne au Languedoc, un pays de collines rocailleuses, très chaud l’été et très froid l’hiver, idéal pour la culture de la vigne et des vins. Il fit ses études chez les jésuites et devint prêtre dans cette compagnie en 1631. Il implora de ses supérieurs, mais sans succès, la grâce de devenir missionnaire au Nouvelle-France (Canada). C’est probablement l’expression de ce désir qui lui mérita, après coup, de voir son nom servir à patronner notre lac et la mission amérindienne d’Akwesasne. Comme il parlait le dialecte particulier de son coin de pays, on le voua plutôt à la prédication de retraites paroissiales au Vivarais, voisin de son lieu d’origine. C’est au cours d’une telle « mission » prêchée pour la Noël de 1640 qu’il prit froid et en mourut le 31 décembre, âgé de quarante-trois ans et onze mois. Toute sa courte vie il avait eu la réputation d’être un saint. L’Eglise le reconnut tel lorsque le pape Clément XII le canonisa en 1737. Au cours de ces années, comme la Compagnie de Jésus était florissante et influente en Nouvelle France, aussi réussit-elle à y promouvoir la dévotion à ce nouveau saint issu de ses rangs.