SAINT-IGNACE, NOTRE PATRON

La tradition veut qu’on octroie à toute nouvelle paroisse un saint tutélaire;

c’est un privilège réservé à l’évêque du diocèse de désigner ce patron qu’il choisit parmi ceux qui figurent au calendrier des saints reconnus par l’Église.

Déjà en 1721…

Déjà en 1721 Coteau-du-Lac avait son nom propre. Quand l’évêque auxiliaire de Québec qui avait résidence à Montréal, Mgr Jean-Jacques Lartigue, accepte d’ériger notre territoire en paroisse , le 17 novembre 1830, il lui attribue un saint patron: « Saint-Ignace, martyr ». Chez-nous devint ainsi « St-Ignace-de-Coteau-du-Lac », nom officiel que notre municipalité de paroisse a porté jusqu’à sa fusion avec la municipalité de village de Coteau-du-Lac en 1982.

Ignace, notre saint patron, fut évêque d’Antioche de Syrie. Il est mort martyr, à Rome, en l’an 107; Il est fêté le 17 octobre. Il ne faut pas le confondre avec Saint Ignace de Loyola, confesseur, fondateur des Jésuites (1491-1556), fêté, lui, le 31 juillet.

Il ne faut pas chercher Antioche sur une carte géographique. Cette ville fut pourtant une des très grandes métropoles de l’empire romain, carrefour et charnière entre l’Orient et l’Occident. Il n’en reste plus rien. Ses ruines se trouvent à la frontière de la Turquie et de la Syrie modernes, et ce sont les Turcs qui en ont réclamé la garde au lendemain de la première guerre mondiale.

Saint-Paul avait été un missionnaire étranger (juif) qui avait évangélisé cette région. Ignace est un autochtone; et quand il est désigné évêque, il devient responsable d’une communauté chrétienne de culture grecque, dont il est lui-même issu. Non seulement il parle grec, mais il reflète la façon de penser de l’époque. Il a laissé à l’Histoire sept « lettres » merveilleuses qui nous apprennent des choses d’abord sur l’homme qu’il est, puis sur l’Église catholique au moment où elle n’a que cinquante ans d’existence, peu après la mort du dernier des Apôtres.

On trouvait, inscrit en latin, en avant dans notre église paroissiale avant l’incendie du 8 décembre 1999, un texte qui vient d’Ignace. « FRUMENTUM CHRISTI SUM » Dans sa plus belle lettre, celle écrite de Smyrne aux chrétiens de Rome, il leur demande de n’entreprendre aucune démarche qui pourrait le priver de la joie du martyre, car, dit-il, « JE SUIS LE FROMENT de Dieu et je suis moulu par la dent des bêtes pour devenir le pain immaculé DU CHRIST ». Il faisait allusion au genre de mort qui l’attendait. Sous l’empereur Trajan, on jetait les chrétiens aux fauves dans le Colisée romain. Pour notre édification, T.X.Renaud a réalisé, dans le choeur de notre église paroissiale, une peinture interprétant le martyre d’Ignace. On le voyait revêtu d’habits liturgiques verts, couleur de l’espérance, dans une arène remplie de spectateurs pendant que des bêtes aux allures menaçantes s’avançaient vers lui. Dans la voûte, dans un second tableau, Nincheri nous le représentait debout au centre d’une nébulosité lumineuse, revêtu de rouge et une palme de vainqueur à ses pieds, deux symboles du martyre accompli.
patron1

Toile de Théophile-Xénophon Renaud, datant de 1910;
un autre trésor disparu dans l’incendie du 8 décembre 1999.
patron2

Sur la place de l’église, un monument sculpté représentant St-Ignace enfant.

Coteau-du-Lac possède aussi un monument très original à la gloire de son saint patron. Au cours des années 1930, plusieurs paroisses érigeaient sur leur terrain des monuments presque tous identiques, inspirés des révélations et visions de Sainte Marguerite-Marie Alacoque concernant la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus. Chez-nous, en 1935, dans la foulée des fêtes du Centenaire, on voulut imiter les autres. Mais, à la demande du bienfaiteur principal du futur monument, le Docteur Elzéar Deguire, évidemment inspiré par son fils, nous le verrons, on se permit une certaine originalité.

Le monument se trouve juste en face de l’église, en plein centre de ce qui est devenu un stationnement, mais qui fut longtemps un enclos de verdure. Il représente, taillés dans la pierre, Jésus et un petit enfant. Ce qui est gravé sur le socle rapporte les paroles de l’Évangile (traduction de l’époque): « Quiconque s’humiliera comme ce petit enfant, celui-là sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et celui qui reçoit en mon nom un semblable petit enfant, me reçoit. St-Matthieu, XVIII, 3-4 , et juste en dessous de la sculpture on y lit le titre: « Jésus et St-Ignace enfant ».

Nous devons cette trouvaille à monsieur l’abbé Lionel Deguire, enfant unique du médecin. Professeur au séminaire diocésain, féru d’histoires saintes et édifiantes, dans la mode du temps, cet homme « dévotionneux » a fait concrétiser dans une oeuvre d’art remarquable et coûteuse une LÉGENDE voulant que, lorsque Jésus prononça ce discours, il ait choisi au hasard dans la foule un enfant qui n’aurait été nul autre que le futur évêque d’Antioche…

Voilà des exclusivités Coteaulacoises. Mais, concernant notre saint patron, tenons-nous en à l’HISTOIRE…