2019 Conférence « Le régiment Carignan-Salières a-t-il sauvé la colonie »

 

       Assemblée générale annuelle

La Société d’Histoire de Coteau-du-Lac

 

 

Mardi soir, le 30 avril 2019, La Société d’Histoire de Coteau-du-Lac tenait son assemblée générale annuelle et elle a été menée rondement par le président du conseil d’administration M. Alain Dignard. L’assemblée a permis d’ajouter un membre au conseil d’administration, M. Patrick Marquis, un citoyen de Coteau-du-Lac, féru de généalogie qui saura apporter son expertise dans nos projets de développement d’un volet de rencontre généalogique.

Faisant suite à cette réunion la cinquantaine de participants ont pu entendre la conférence de M. André Laniel intitulé ‘’ Le régiment Carignan-Salières a-t-il sauvé la colonie ’’

André Laniel partage « ben » des dires qu’il puise dans sa boîte à souvenances. En sa compagnie, l’histoire, les personnalités et les anecdotes prennent une autre allure. En plus d’être conférencier et romancier, il participe à la production de documentaires à caractère historique avec le producteur et réalisateur Richard St-Pierre. Il est membre de la Société patrimoine et histoire de l’Île Bizard et Ste-Geneviève. En 2016, il a complété le cours «Introduction à l’histoire politique du Québec », offert par l’Université Téluq et dirigé par le professeur émérite Éric Bédard, Ph. D., historien. Aussi, il a publié l’automne dernier le premier tome de la saga historique « Compagnon à maître-cordonnier – L’engagé ».

 

Mme Gauthier de la Société St-Jean-Baptiste de Coteau-du-Lac a profité de l’occasion pour remettre un don de 125$ à la Société d’Histoire de Coteau-du-Lac.

Sur la photo on reconnait Raymond Gauthier de la SSJB, Patrick Marquis SHCDL, Alain Dignard SHCDL, Robert Goulet SSJB, Claudette Gauthier SSJB, Denise Boisvert SHCDL, Richard Normandeau SHCDL, Monique Lapointe Krick SHCDL et Denis Carrière SHCDL.

Nous avons eu la chance d’avoir avec nous M. Stéphane Sauvé de Coteau-du-Lac, en uniforme de soldat des compagnies franches de la marine de l’époque 1736. Il avait avec lui l’uniforme des soldats du régiment Carignan-Salières de même de différentes armes utilisées à l’époque.

 

 

 

LE RÉGIMENT CARIGNAN-SALIÈRES A-T-IL SAUVÉ LA COLONIE

Lors de sa conférence, M. Laniel nous a transportés dans le temps de la Nouvelle-France, entre 1660 et 1700, et nous a entretenus du climat politique de l’époque.

Louis D’Ailleboust, gouverneur de la Nouvelle-France, a mandaté M. Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, de rencontrer le Roi de France, Louis XIV, pour l’entretenir du climat d’insécurité qui existait en Nouvelle-France.

En 1660, les colons français étaient terrorisés par les attaques des Iroquois qui semaient la mort dans la colonie. Ils en tuaient une cinquantaine par année et à ce rythme les français seraient obligés d’évacuer la place. En 1665 il y avait 3200 habitants en Nouvelle-France, 30,000 autochtones et 75,000 britanniques. Le roi a donc décidé de régler cette situation une fois pour toutes et il a ordonné à Jean Talon en le nommant intendant de la justice au Canada d’éradiquer complètement la menace Iroquoise au pays et pour ce faire il lui a fourni les 1400 hommes du régiment Carignan-Salières.

Alexandre de Prouville, marquis de Tracy, est arrivé des Antilles à la tête de 100 soldats et 100 colons en juin 1665, mais la maladie avait décimé 20 % de ses hommes et lui-même gravement malade, a dû attendre l’arrivée de Jean Talon avec le reste des forces pour commencer à chasser les autochtones. Ce dernier est arrivé le 12 septembre 1665 en compagnie de Daniel Remy de Courcelles qui commandait les troupes du régiment Carignan-Salières. On dit que c’était un officier fougueux et téméraire et malgré les avis lui disant qu’il ne devrait pas partir à la guerre durant le rigoureux hiver canadien parce qu’il n’était pas équipé pour l’affronter, il décide de partir immédiatement quand même. L’initiative a été vouée à l’échec mais ils ont quand même effrayé les iroquois qui se disaient que si les troupes avaient réussi à se rendre jusqu’à eux en plein hiver, qu’est ce que ce serait durant la saison chaude?

Rémy de Courcelles n’était pas un imbécile et il s’est vite rendu compte qu’il devait changer de tactique s’il voulait vaincre les indiens et le printemps suivant il entreprit une nouvelle campagne avec l’équipement adéquat, il a aussi changé ses techniques d’attaque en ce sens qu’au lieu d’attaquer les adversaires en rangée en étant exposé, il a décidé d’imiter les indiens et de se protéger derrières les arbres et autres obstacles.

Le Marquis de Tracy commandait les troupes françaises lors de la deuxième expédition et on raconte qu’en chemin il aurait fait une chute et serait tombé dans un ravin. Ce serait un Wendat qui a accepté d’aller le chercher pour le sauver. Est-ce que ce ne serait pas celui-ci qui aurait sauvé la colonie? Parce que s’il n’était pas allé chercher Tracy on peut facilement imaginer que l’armée française, découragée d’avoir perdu son chef, qui était aussi le vice-roi, le représentant du roi en Nouvelle-France, aurait pu retourner en France et laisser la jeune colonie à l’abandon?

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé, les français ont combattu victorieusement les Iroquois jusqu’à leur village le plus éloigné, détruisant les maisons longues, les récoltes et les animaux et ont amené les cinq nations à signer une paix qui devait durer plusieurs années, on l’espérait. La première expédition avait amené les Tsonnontouans, les Onnieouts, les Onontagués et Goyogouins a accepté la paix avec les français et la deuxième avait permis la signature du traité de paix avec les Agniers en 1667.

La paix était bien établie, mais ça ne réglait pas le problème de population, il manquait dangereusement de colons. Le roi a donc décidé de proposer aux soldats qui le désiraient de s’établir au Canada pour y fonder une famille. Pour les inciter à le faire il décide de donner aux officiers de l’armée une Seigneurie en leur demandant de prendre leurs soldats comme censitaires. C’est pour cette raison que les Saurel, Contrecoeur, St-Ours, Berthier et autres sont restés aux pays. Aux censitaires on leur donnait une terre en bois debout de trois arpents de façade et de trente arpents de long avec l’obligation de défricher au moins deux arpents par année. Avant de pouvoir se marier ils devaient avoir une cabane, un espace de terrain en jardin pour cultiver des légumes et avoir eu au moins une récolte de blé pour le pain. 400 militaires ont décidé d’accepter la proposition du roi et de se voir remettre une terre, et 200 autres sont restés comme soldats pour protéger les colons.

Mais pour se marier, il devait y avoir des femmes, en 1665 dans la colonie il y avait 7 femmes pour 77 hommes, ce qui rendait les épousailles très difficiles.  Louis XIV a décidé de leur trouver des épouses et il leur enverra des jeunes femmes en âge de se marier et désireuses de fonder une famille avec en dot un coffre plein d’articles utiles pour la maison. Entre 1665 et 1673, 400 filles à marier qu’on a appelées Filles du Roy sont arrivées en Nouvelle-France pour fonder une famille et relever la colonie. Et elles y sont arrivées, aujourd’hui la descendance de ses Filles du Roy est au nombre de près de 5 millions de personnes.

André Laniel nous a aussi raconté l’histoire d’un de ses soldats, André Mignier dit Lagacé, soldat de la Compagnie de Berthier de régiment de L’Allier. Il vivait sur l’Île de Ré et voulait épouser Marie Jacques Michel dit Michaud mais les parents de cette dernière ne le jugeant pas de bonne condition pour épouser leur fille ont refusé et ont obligé Jacquette comme on l’appelait aussi à épouser un autre homme.

Par dépit, il décide de joindre l’armée qui cantonnait sur l’île en attendant de partir en Amérique. Son régiment s’est d’abord dirigé vers les Antilles pour ensuite arriver en Nouvelle-France le 30 juin 1665. Après avoir fait les campagnes contre les Iroquois il est reformé et se voit offrir une concession de Dame Guillemette Hébert, fille de Louis Hébert et veuve de Guillaume Couillard, une terre située à Charlesbourg, qu’il entreprend de défricher.

De son côté, Jacquette Michel est veuve, son mari étant décédé, elle décide de suivre les conseils d’une amie et de partir le rejoindre en Amérique. Elle se fait accepter parmi les Filles du Roy et embarque pour la Nouvelle-France qu’elle atteindra le 3 juillet 1665 à bord du navire Nouvelle-France.

Le 23 octobre 1668 elle épousera son premier amoureux, André Mignier dit Lagacé, et ils auront 6 enfants qui se sont mariés et ont eu des enfants : André Mignier a épousé Françoise Ouellet et Marie-Charlotte Pelletier, Marie a épousé Joseph Gravois et René Martin, Françoise a épousé Robert Morin, Marie-Anne a épousé Philippe Boucher, Marie-Madeleine a épousé Félix Aubert et Claude-Nicolas Lizotte et Michel a épousé Marie-Louise Pinel et Angélique Thibault. L’histoire romancée de André Mignier dit Lagacé et Jacquette Michel a été racontée en deux tomes par une descendante, Nathalie Lagassé.

On peut remercier André Laniel et Stéphane Sauvé pour cette agréable soirée.

 

Richard Normandeau

Société d’histoire de Coteau-du-Lac