Incendie de l’église Saint-Ignace

L’incendie de l’église Saint-Ignace

Le 8 décembre 1999, un incendie a ravagé l’église Saint-Ignace de Coteau-du-Lac, une deuxième fois.

Le 18 janvier 1849 les paroissiens de Coteau-du-Lac adressèrent à l’évêque de Montréal une pétition qui devait avoir pour effet de leur procurer un temple convenant plus à leurs besoins et peut-être aussi à leur fierté. C’est d’abord par souscription volontaire qu’on a put envisager sa réalisation. La pierre requise pour la construction fut donnée par le seigneur de Beaujeu et fut prise à sa carrière du bord de la « rivière à Delisle ». Les fondations étant finies, on bénit une première pierre le 25 juillet 1849. Mais les travaux avancèrent lentement. Si bien que ce n’est que le 15 novembre 1854 que le nouveau temple fut inauguré et bénit, mais pas encore décoré. Ce n’est qu’en 1881 qu’on put consacrer de l’attention et des frais pour la décoration intérieure. L’entreprise fut confiée à un Monsieur Meloche qui avait antérieurement exercé son art à Rigaud, St-Zotique et St-Polycarpe. L’artiste dépensa beaucoup de temps à peindre sur tous les murs et la voûte des fresques aux thèmes religieux.

Ce temple ainsi parachevé et entièrement payé, fut consacré solennellement à Dieu par l’évêque de Montréal, Mgr Charles-Édouard Fabre le 29 août 1883. Un nouvel orgue fut inauguré et bénit en mai 1900. C’est ce joyau de Foi que le feu dévora le 23 décembre 1908: « une des plus belles églises de la province » titrait le journal La Presse du lendemain.

Le feu avait tout dévoré à l’intérieur de l’église. On n’avait réussi à sauver que les murs de pierre et quelques statues. L’architecte intégra ces dernières au nouveau retable. La reconstruction respecta le même volume extérieur de l’église et de la sacristie de 1854. La finition intérieure fut réduite au minimum. Seule note réjouissante, on se paya le luxe de vitres de couleur pour les fenêtres intérieures de l’église et on commanda à l’artiste Toussaint-Xénophon Renaud [1860-1946] un grand tableau représentant le martyre de Saint-Ignace et des décorations minimales. Il faudra attendre en 1927 pour parfaire la décoration.

Un concours ayant été ouvert aux artistes spécialisés dans l’art particulier de la décoration des églises, c’est Guido Nincheri qui fut retenu et la signature d’un contrat eut lieu le 11 février 1927. Nincheri décrit lui même son travail en ces termes :

eglis_inter1L’intérieur de l’église de Coteau-du-Lac tel qu’il était de 1927 au 8 décembre 1999.
Cette photo a été faite par le photographe Denis Tremblay en 1987 après les travaux de rajeunissement des fresques de Guido Nincheri.

eglis_inter3 Détail des fresques décoratives peintes par Guido Nincheri et maintenant disparues.
Un des « anges » peints à partir de modèles vivants comme l’artiste avait coutume de faire.

Ces deux dernières photos sont une gracieuseté de Mme DeGirardi de Montréal.

 

 

 

– La voûte du sanctuaire nous montre la gloire du Saint, son apothéose et le couronnement de son martyre déjà illustré dans un tableau au dessus du maître-autel.
– Pour le caractère du style gothique, j’ai voulu me rapprocher de celui des stalles et des autels afin d’avoir une harmonie complète.
– Pour faire disparaître cette apparence fragile, et l’absence des lignes constructives dans l’église, j’ai fait ressortir en deux tons de pierre toutes les colonnes et les arches.
-J’ai subdivisé les grands espaces existant entre les arches en différents motifs architechtoniques qui donnent lieu à deux trifores pour chaque arche . [trifore: ouverture par laquelle la galerie ménagée au-dessus des bas-côtés d’une église s’ouvre sur l’intérieur; ou encore, cette galerie]. Dans chaque trifore, sur fond vieux bleu et vieux rouge étoilé, tel qu’employé généralement par les artistes du Moyen-Âge, j’ai placé les symboles susmentionnés comme : la palme (gloire du martyre), l’Évangile (Parole divine apportée par le saint aux peuples), le bâton pastoral et le chapeau ou mître de l’évêque (décorations du saint), la flamme (charité), le rosier (l’amour ), la tour (forteresse), etc
Traiter ces vertus avec des personnages rendrait la voûte plus lourde et basse, déjà pas assez élancée. J’ai tenu tous les détails en proportions délicates pour élancer davantage la voûte et donner de la grandiosité, car un espace subdivisé en plusieurs parties nous donne l’illusion d’être plus grand.
Tous les stalles et les autels seront décorés en conséquence avec des tons riches. – La dorure devra faire ressortir les masses principales.

C’est ce joyau patrimonial qui vient d’être de nouveau ravagé par le feu, ce 8 décembre 1999. Tout comme en 1908, il n’en reste que les murs de pierre.

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Les pompiers sont en train de perdre la bataille

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Le feu fait son oeuvre

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Macabre spectacle

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Triste lendemain

Les photos du feu sont l’oeuvre de Donald Courchesne; celle du lendemain, d’Olivier Dignard